Questions fréquentes sur le montage vidéo

On me pose souvent les mêmes questions. Certaines reviennent dans presque chaque conversation avec un nouveau client. J'ai rassemblé ici les réponses aux interrogations les plus courantes sur le montage et la post-production.

Portrait de Laurent Mercier, monteur expert

Laurent Mercier

Monteur principal

Combien de temps prend un projet type ?

Ça dépend vraiment du format. Une courte vidéo corporate de 2 minutes peut demander 3 à 5 jours de travail. Un court-métrage de 15 minutes ? Comptez plutôt 3 à 4 semaines. Et pour un long-métrage, on parle de plusieurs mois.

Ce qui prend du temps, c'est rarement le premier assemblage. C'est plutôt les allers-retours, les ajustements fins, l'étalonnage, le sound design. J'ai appris à ne jamais sous-estimer ces phases.

Faut-il vraiment investir dans un étalonnage pro ?

Franchement ? Oui. J'ai vu trop de projets bien montés perdre leur impact à cause d'une colorimétrie négligée. L'étalonnage, c'est ce qui donne à votre film son atmosphère, sa cohérence visuelle.

Même avec un budget serré, consacrer 15 à 20% de votre enveloppe post-production à l'étalonnage fait une différence énorme. Et je ne dis pas ça pour vendre un service supplémentaire.

Quels formats de fichiers acceptez-vous ?

On travaille principalement avec du ProRes, du DNxHD, ou même du H.264 si c'est bien encodé. L'important, c'est d'avoir des rushes stables, bien exposés, avec un bon débit.

Les formats RAW type BRAW ou R3D sont aussi les bienvenus. Par contre, évitez les exports trop compressés ou les fichiers perdus trois fois entre différentes plateformes. Ça complique tout.

Comment gérez-vous les révisions ?

On inclut généralement deux rondes de révisions dans nos devis. Ça suffit dans 80% des cas. Après, chaque modification supplémentaire est facturée séparément, mais on reste raisonnables.

Le truc, c'est d'avoir un brief clair dès le départ. Plus on passe de temps à discuter en amont, moins on perd de temps en révisions. C'est mathématique.

Situations concrètes rencontrées

Rushes désorganisés

Un client m'a envoyé 200 Go de fichiers sans aucune nomenclature. Tout était mélangé. J'ai passé une journée entière juste à trier et renommer avant même de commencer à monter. Depuis, j'envoie systématiquement un guide d'organisation avant le tournage.

Changement de direction créative

Parfois, après deux semaines de montage, le réalisateur change complètement d'avis sur le rythme ou la structure. C'est frustrant, mais ça arrive. L'astuce ? Garder plusieurs versions, travailler avec des marqueurs clairs, et surtout rester flexible.

Délais serrés

J'ai monté un teaser pour un festival en 48 heures chrono. C'était intense. On a travaillé en priorité sur la structure émotionnelle, laissé tomber les fioritures. Résultat : le teaser a mieux fonctionné que prévu, justement parce qu'il était direct et percutant.

Espace de travail professionnel avec plusieurs écrans de montage

Aspects techniques souvent négligés

Beaucoup se concentrent sur le logiciel de montage, mais oublient l'importance de l'infrastructure. Un bon workflow, c'est d'abord une gestion rigoureuse des médias, un stockage fiable, et des sauvegardes automatiques.

J'utilise un système de RAID pour mes projets en cours, avec des backups quotidiens sur un NAS dédié. Ça peut sembler excessif, mais j'ai perdu un projet entier il y a des années. Jamais deux fois la même erreur.

Et puis il y a la question des proxies. Pour les projets 4K ou RAW, monter en résolution native ralentit tout. Créer des proxies optimisés dès l'import fait gagner un temps fou, surtout sur les projets longs.

Un bon monteur passe autant de temps à préparer son environnement technique qu'à couper des plans. C'est moins glamour, mais c'est ce qui fait la différence entre un projet livré à temps et un cauchemar logistique.

Parcours d'un projet récent

Voici comment s'est déroulé un documentaire de 25 minutes que j'ai monté entre janvier et mars 2025. Chaque projet a ses particularités, mais celui-ci illustre bien les étapes typiques.

Semaine 1 : Immersion dans les rushes

85 heures de matériel brut à visionner. J'ai pris des notes sur chaque séquence, identifié les moments forts, les transitions naturelles. C'est la phase la plus longue mais aussi la plus importante. On ne peut pas monter ce qu'on ne connaît pas intimement.

Semaines 2-3 : Premier assemblage

J'ai construit une première structure de 40 minutes. Beaucoup trop long, mais ça m'a permis de voir ce qui fonctionnait. Certaines scènes que je pensais essentielles se sont révélées plates à l'écran. D'autres, mineures sur le papier, apportaient une émotion inattendue.

Semaine 4 : Révisions et resserrage

Session de travail avec le réalisateur. On a coupé 15 minutes, réorganisé deux séquences entières. C'est toujours un moment délicat, mais quand le dialogue est bon, ça fait avancer le projet de manière spectaculaire.

Semaines 5-6 : Finitions et mix

Étalonnage sur trois jours, mixage sonore sur deux. On a ajouté quelques effets subtils, travaillé les transitions audio. C'est dans ces détails que le film prend vraiment sa personnalité finale.

Portrait de Sophie Arnaud, réalisatrice
J'ai travaillé avec Laurent sur trois projets entre 2024 et début 2025. Ce qui m'a marquée, c'est sa capacité à comprendre l'intention derrière chaque scène. Il ne se contente pas d'assembler des plans, il cherche vraiment le rythme émotionnel. Et il communique clairement sur les délais, les contraintes techniques. Pas de mauvaises surprises.
Sophie Arnaud Réalisatrice documentaire